Galop
Trot
Pur-Sang Arabe
Jumping / Dressage
 
Pur-Sang Arabe
Divers
De Majorque avec passion, Marietta Salas nous parle de « son » Monde du Pur-Sang Arabe
2011
Traduire la page
English English Italiano Deutsch Espanol

De Majorque avec passion, Marietta Salas nous parle de « son » Monde du Pur-Sang Arabe
Marieta Salas a assisté elle-même à plus de 800 naissances dans son élevage.

 

 

Majorque-(dites : Mallorca, en espagnol)- la sœur aînée des îles Baléares, est surtout connue pour ses plages dorées, son ambiance estivale qui fait les délices d’un tourisme de masses en grande partie européen. Peu de gens savent qu’à quelques kilomètres seulement de la fameuse Cathédrale de Palma, dans une vallée complètement entourée de collines et préservée de toute folie édificatrice de notre civilisation du béton, se trouve l’un des haras les plus réputés et les plus primés au monde, en ce qui concerne le cheval de pur-sang arabe.

 

Héritière du grand entrepreneur et industriel que fut Don Pedro Salas, sa fille Marieta Salas est propriétaire aujourd’hui des domaines de « Ses Planes » et de « Ses Rotes », où paissent tranquillement les mères et les sœurs de chevaux dont la beauté a été admirée dans le monde entier, et qui ont été souvent l’objet d’offres millionnaires. Ces chevaux, presque tous avec le préfixe « Abha » (traduction de « Salas » en arabe), ont été multi-champions dans des shows parmi les plus prestigieux du calendrier de la ECAHO (organisation qui réunit les différentes nations dotées d’un Stud-Book reconnu du cheval de pur-sang arabe), comme c’est le cas d’Abha Qatar ou de Abha Palma, pour ne citer que deux des plus célèbres poulains nés ou élevés récemment par Marieta Salas.



Marietta Salas nous parle de « son » Monde du Pur-Sang Arabe - des écuries et des étendues du haras depuis la maison de Marieta SalasVue des écuries et des étendues du haras depuis la maison de Marieta Salas.

 

 

Dans un Palais de style Empire Romain, une magnifique construction réalisée il y a quelques années seulement sur les hauts de la propriété et parfaitement en harmonie avec la nature, la couleur ocre des roches et de la terre, la Maîtresse des lieux reçoit ses invités avec la générosité naturelle des Grands. A Ses Planes, des Chefs d’Etat, des Princes, des milliardaires, et des gens parmi les plus humbles ont été reçus avec la même générosité de cœur. Car Marieta Salas est un vrai rayon de soleil pour tous ceux qui ont la chance de la connaitre personnellement. Cette grande dame, encore jeune de par son activité débordante et son inaltérable enthousiasme pour parachever tout ce qu’elle entreprend, souhaite nous transmettre sa passion pour le cheval arabe. Et elle nous a accordé cet entretien sur ses terres, profitant de la pause d’hiver entre les étapes de la compétition internationale :

 

Horses of the World : Marieta, tu donnes l’impression de tout diriger en prenant soin du plus petit détail… de donner de ta personne sans compter, et de ne rien laisser échapper à ton contrôle…c’est ainsi que tu diriges ton élevage…mais te reste-t-il du temps pour autre chose ?...

Marieta Salas : J’aimerais pouvoir ne m’occuper que de mes chevaux et de mon jardin !! …mais malheureusement, j’ai beaucoup d’autres choses qui me prennent du temps. Je dois gérer la fortune de mon père, m’occuper de mes affaires, et aussi consacrer du temps à mon fils. J’ai divorcé en 2004, et n’ai pas de regrets, mais cela a supposé pour moi la nécessité d’assumer une charge de travail supplémentaire.

« Nous avons été champions des Etats-Unis tout au début… sans même nous rendre compte de ce que cela signifiait. Par pur hasard !! » Marieta Salas

 

Horses of the World : Aujourd’hui tu fais partie des éleveurs de chevaux arabes les plus primés au monde. Quel a été le parcours pour arriver à tant de succès ?

Marieta Salas : Nous avons commencé avec des chevaux de Pure Race Espagnole. A mes dix-huit ans, mon père a acheté toute une jumenterie de chevaux espagnols sur la Péninsule. Nous les avons amenés à Palma. Par la suite, une amie a demandé à mon père de l’aider dans la négociation de vente de ses chevaux à un docteur holandais. Celui-ci a acheté ses chevaux, sauf deux que mon père a acquis pour nous. Parmi ses deux juments, se trouvait par hasard la mère de Abha Hamir. Nous avons donc été champions des Etats-Unis tout au début, sans avoir une idée de ce que cela voulait dire. Du pur hasard !! Le premier succès important a donc été en 1973. Et cela ne faisait que quatre ou cinq ans que nous élevions des chevaux arabes. Mais nous étions de vrais néophytes !!

 

Horses of the World : de par leur vocation pour l’élevage chevalin, les domaines de « Ses Planes » et de « Ses Rotes » ne pouvaient pas se désintéresser de la race autochtone de Majorque…le « caballo mallorquin ».. !?

Marieta Salas : Lorsque mon père et moi nous avons « récupéré » la race, nous allions par monts et vaux pour voir à quoi pouvait ressembler un cheval « mallorquin ». Personne ne savait vraiment à quoi ce cheval ressemblait. Ils étaient d’ailleurs dans un état sauvage et d'abandon manifeste. Maintenant, ce n’est plus le cas. Il y en a de très beaux, tant dans les étalons que dans les juments. J’ai eu des juments « mallorquinas » de 1,60 m au garrot. Mais je les avais élevées chez moi. Mon père aussi a eu jusqu’à trois ou quatre étalons et une douzaine de juments « mallorquinas ». Et moi j’avais deux juments que je donnais aux étalons de mon père. Il faut savoir qu’il n’y avait à l’époque que trois ou quatre étalons qui « probablement » étaient « mallorquins ». Je répète : « probablement » !! On a créé la race, et maintenant c’est un beau cheval.

Mais après avoir sauvé cette race, je me suis dit que je ne pouvais pas continuer avec autant de races différentes : mallorquin, espagnol, arabe… J’ai donc décidé de ne garder que mes chevaux arabes, ceux avec lesquels je me sens le mieux.

 

Horses of the World : l’Espagne a toujours été le berceau de plusieurs races de prestige…et si l’on considère le « pur-sang arabe », qu’en est-il aujourd’hui sur le plan de la qualité ?

Marieta Salas : Si les gens m’écoutaient, sachant que j’ai donné plus de 20 cours (à raison de deux cours par an pendant dix ans), et si les gens m’avaient écouté, il y aurait beaucoup de chevaux de meilleure qualité en Espagne. Mais les gens aujourd'hui ont l'air de ne plus prendre le temps d'apprendre…

Même avec internet, même avec les magazines, même si aujourd’hui il y a beaucoup plus de canaux d’information qu’autrefois, les gens ne prennent pas le temps nécessaire pour apprendre.

 

« Pour moi , voir naître mes chevaux, c’est comme un artiste qui finalement contemple son œuvre achevée : c’est l’expression définitive de mon œuvre » Marieta Salas

 

Horses of the World : On dit que ta passion te porte jusqu’à assister à toutes les naissances de tes poulains…c’est vrai ?

Marieta Salas : J’ai vu naître plus de 800 poulains dans ma vie. En assistant moi-même aux poulinages. En fait, je prends un réel plaisir à voir naître mes chevaux. Les voir naitre, c’est comme un artiste qui peut finalement contempler son œuvre parachevée. Qu’il s’agisse d’une sculpture ou d’une peinture…c’est le moment où tu vois le résultat définitif. Parfois il y a de meilleures surprises que ce à quoi tu t’attendais, et parfois, par contre, il y a de très mauvaises surprises.

Tant il est vrai que pour moi voir naître un de mes poulains c’est le moment le plus important, c’est ainsi que normalement je ne programme mes déplacements qu’en fonction des mises-bas de mes poulinières. En fait, je ne m’absente que pendant les périodes où aucune naissance n’est attendue. Dans des cas extrêmes où je ne peux pas être présente, il y a de toutes façons l’une de mes collaboratrices qui est sur place. Cela fait quarante ans que c’est ainsi. Bien avant que l’on parle d’ « imprinting » et de toutes ces choses, c’était déjà une évidence pour moi : le cheval qui était né avec une personne à côté de lui était différent des autres.

 

Horses of the World : lors de la naissance, vois-tu tout de suite ce « petit quelque chose » qui va faire un jour du poulain un champion ?

Marieta Salas : Oui. Ou plutôt, pas le même soir de sa naissance, mais le lendemain matin, oui !!
Il y a un ensemble de choses qui se voient. Mais il est logique qu’à la naissance d’un poulain , on ne puisse pas juger ses jambes, ou même la croupe, car si c’est un poulain plutôt grand, très souvent il a la croupe très basse. Mais je vois que je reconnais l’insertion de l’encolure, sa façon de marcher dans la cour, les yeux, la tête qui doit déjà être attractive. En suite, elle peut s’améliorer avec l’âge, mais elle doit déjà être attractive à la naissance. Je leur reconnais aussi une « attitude », cela oui, cela se reconnait à la naissance !!

 

Horses of the World : as-tu un secret pour deviner les croisements qui font les champions ?

Marieta Salas : Ce n’est pas facile de bien élever. C’est même très difficile !! De plus, c’est un ensemble fait de savoir et de chance. Surtout de savoir, mais aussi de chance. Parce que je n’arrive pas à obtenir les mêmes chevaux avec les mêmes croisements…et pourtant : ce sont les mêmes juments et les mêmes étalons !! Ils ne me donnent pas les mêmes qualités. Ce ne sont donc pas des photocopies.

Aujourd’hui tu te dis : oh…quelle merveille !! Il faut répéter le même croisement. Et l’année d’après, cela ne donne rien. Par contre, ce qu’on ne peut pas avoir avec de bons croisements, ce sont de mauvais chevaux. Cela non : des mauvais et des vilains, non !! Certains sont bons, d’autres exceptionnels…

 

« Argent, intuition et patience… voilà ce qu’il faut pour élever des chevaux !! » Marieta Salas

Horses of the World : cela fait déjà quelques années que les pays arabes ont investi beaucoup d’argent dans le pur-sang arabe. Cela a-t-il eu une influence sur l’amélioration de la race ?

Marieta Salas : Depuis que les pays arabes sont entrés dans le marché, cela a changé les choses. C’est indéniable que les chevaux ont davantage de qualité. Parce que les gens ont fait davantage d’efforts. Tout simplement parce qu’on a payé davantage les chevaux. C’est aussi facile que cela. Cela a fait que les chevaux sont beaucoup plus beaux.

L’Emirat du Qatar a investi beaucoup , mais l’Emirat d’Ajman aussi a mis beaucoup d’argent. Enormément aussi l’Emirat de Dubaï, qui a probablement investi plus d’une dizaine de millions d’euros dans les trois dernières années. C’est beaucoup si l’on considère que Dubaï ne peut pas vraiment se permettre de jeter de l’argent ces temps... Mais les résultats n’ont pas été vraiment à la hauteur. Ajman a eu de meilleurs résultats que Dubaï.

Le Royaume d’Arabie Saoudite est très très émergeant. Non seulement en pur-égyptiens, qui attirent beaucoup d’acheteurs, et qui sont très chers. Les bons chevaux pur-égyptiens sont très très chers. L’Arabie Saoudite est peut-être le pays où il y a le plus de nouveaux éleveurs. Et ils apprécient autant le « pur-égyptien » que le « non pur-égyptien ».

Ce qui manque, à mon avis, et ce qui manque aujourd’hui plus que jamais, ce sont les vrais connaisseurs. Je m’explique : il y a 25 ans, peut-être que le cheval était moins beau comparativement, même s’il y avait déjà des chevaux qui nous paraissaient très beaux. Aujourd’hui, on a davantage de qualité. Mais par contre, cette amélioration est à mon avis due au hasard. Parce que les grands éleveurs ont disparu. Je parle des éleveurs en général. En Europe il reste très peu d’éleveurs de plus de 3 juments. Très peu. Et en Amérique, il y en avait peut-être cinquante ou cent de plus de 20 juments quand je vivais aux Etats-Unis. Maintenant il doit en rester une dizaine avec plus de 20 juments chacun. Je parle de l’Amérique du Nord.

En Amérique du Sud… par exemple au Méxique, il subsiste très peu de chevaux arabes. En Argentine il y en a davantage. Et en Argentine il y a davantage d’éleveurs qu’en Europe. Bien entendu, si l’on considère la façon d’élever, les étendues de terrain sont bien supérieures, et le climat est meilleur. L’économie aussi s’y prête mieux. C’est le même cas pour le Brésil. L’Europe importe beaucoup de chevaux arabes du Brésil. D’Amérique du Nord moins, mais du Brésil : beaucoup. Les pays arabes achètent eux aussi beaucoup au Brésil.

Mais des dix élevages d’Amérique du Nord qui sont de plus de 20 juments, il y en a deux ou trois qui sont vraiment compétitifs en Europe. Peut-être deux ou trois. Les autres, vu qu’ils ont élevé un type de cheval très différent, un type de cheval qui est plus recherché dans leur pays, ils ne souhaitaient pas revenir à un type davantage arabe, moins long de dos, davantage harmonieux, avec davantage d’allures. Si tu as élevé pour obtenir quelque chose, en sélectionnant pour obtenir un type bien particulier pendant une vingtaine d’années, tu ne veux pas prendre le risque d’ajouter quelque chose qui puisse anéantir ces années de sélection… Il est difficile d’intégrer un changement à la deuxième génération après des années…

 

« La Beauté, c’est l’Harmonie…. » Marieta Salas

 

Horses of the World : tu donnes beaucoup d’importance à l’« harmonie » dans la sélection des exemplaires de show…

Marieta Salas : Pourquoi est-ce que je dis « La Beauté, c’est l’Harmonie » ? Parce que selon le type défini, peu importe que le cheval arabe soit un peu plus grand ou un peu plus petit. C’est égal : il faut qu’il soit beau. Il doit être harmonieux. Harmonieux par rapport à sa taille, à ses jambes, etc… Sans harmonie, la beauté n’existe pas.

Ce n’est pas parce qu’un cheval a gagné un show, qu’il est forcément meilleur. Il se peut qu’il ait gagné ce show parce que la concurrence n’était pas forte ce jour-là, ou tout simplement parce que ce cheval était dans un bon jour. Pour élever, on ne peut pas se fier seulement d’un show. Chacun doit être son propre juge. Ne pas se laisser influencer parce qu’un cheval a gagné cinq shows. C’est évident que si un cheval a gagné cinq shows, les juges ne sont pas des idiots, et on est en présence d’un bon cheval. Mais de là à ce que ce bon cheval puisse transmettre ses qualités à ses fils, ça c’est autre chose. C’est là qu’entre en jeu le pedigree.

Il y a des gens qui n’élève qu’en regardant le pedigree. Cela me semble absurde !! Parce que tous les étalons- et le cas d’ EL PERFECTO est là pour l’illustrer, lui qui a eu aussi des poulains ordinaires- peuvent avoir des mauvais poulains. Il n’est pas suffisant d’être fils d’EL PERFECTO pour être forcément un bon reproducteur, et il en va de même avec tous les chevaux. A mon avis, la première chose à faire, c’est de voir le cheval. Et ensuite seulement se pencher sur le pedigree.

 

 

Marieta Salas a eu le « coup de foudre » pour un poulain de l’Emir du Qatar : Marwan Al Shaqab allait être sacré Champion du Monde 2001 à ParisEn 2001, Marieta Salas a eu le « coup de foudre » pour un poulain de l’Emir du Qatar : Marwan Al Shaqab allait être sacré Champion du Monde Jr en décembre 2001 à Paris, avant de faire la monte la saison suivante à Ses Planes. La ressemblance entre Marwan Al Shaqab et son fils Abha Mahdi (dont nous voyons ici une toile par l'artiste Carine Meunier) est extraordinaire.

 


«Avec Marwan Al Shaqab je pense être la personne qui a eu la chance d’avoir les meilleurs poulains » Marieta Salas

 

Horses of the World : Si tu devais donner le nom d’un étalon important de ce début de siècle… ?

Marieta Salas : Sans hésiter : Marwan Al Shaqab !! Oui. Ensuite, je placerais WH Justice. Ensuite il y a d’autres chevaux qui ont bien reproduit, tel Ghazal Al Shaqab. Puis, au second plan, des étalons qui demeurent très bons même s’ils n’ont pas reproduit des phénomènes : Besson Carol, et quelques autres, soit aux Etats-Unis soit en Europe.

L’étalon, il faut le juger pour ce qu’il reproduit et non pas seulement pour sa beauté et ses résultats en shows. C’est très bien qu’un étalon soit beau, et qu’il ait le plus grand nombre possible de caractéristiques du cheval arabe : de beaux yeux, une encolure harmonieuse, un tronc excellent, de bonnes jambes, du charisme, oui : du charisme, c’est ce qu’il doit laisser au moins à ses descendants !! … tout comme le port haut de la queue qu’il doit retransmettre. S’il ne retransmet pas ces qualités, ce n’est pas un étalon valable.

 

Horses of the World : cela m’a beaucoup impressionné que de voir El Perfecto dans son paddock. Cet étalon a une morphologie impressionnante, et une ossature qui, j’en suis convaincu, sont la base indispensable pour qu’un étalon trace une lignée valable dans sa vie de reproducteur, et donne des chevaux très « corrects»…

Marieta Salas : Des chevaux seulement « très corrects », cela ne vaut rien pour le show. Cela a de la valeur pour élever. Mais pas pour la compétition. Pour le show, il faut un cheval « exceptionnel ». Ou pour le moins « assez exceptionnel ». Avec des chevaux très corrects, cela ne suffit pas. Par contre, pour établir une bonne base d’élevage, il se peut que ce soit suffisant avec des chevaux très corrects.

El Perfecto, que m’a-t-il donné, justement ? Une bonne base, pour pouvoir, par la suite, et grâce à l’apport de Marwan Al Shaqab, déboucher sur des sujets d’exception !! El Perfecto n’a pas seulement une bonne ossature, il a beaucoup d’autres qualités. Un charisme, des yeux, une prestance. Le cheval de Pur-Sang Arabe n’est pas résistant par l’ossature, il l’est par ses tendons. Je ne veux pourtant pas dire par là qu’il ne doit pas avoir une ossature proportionnelle à son gabarit. Il est évident que si on a un cheval arabe 1,60 m avec de tout petits canons, cela n’est pas beau !! Même s’il pourra quand même être résistant grâce à ses tendons d’acier. Mais si ce n’est pas agréable à voir, si ce n’est pas harmonieux, ce n’est pas le cheval que l’on recherche !!

 

 

Perfecto, issu des plus pures lignées espagnoles du Pur-Sang Arabe est un vrai seigneur à Ses Planes. Il est présenté ici par Pedro Soto, l’entraineur particulier de Marieta Salas.El Perfecto, issu des plus pures lignées espagnoles du Pur-Sang Arabe est un vrai seigneur à Ses Planes. Il est présenté ici par Pedro Soto, l’entraineur particulier de Marieta Salas.

 

 

Horses of the World : Les Etats-Unis et l’Europe…. Deux visions bien différentes dans l’appréciation du cheval de show…

Marieta Salas : Maintenant, les Etats-Unis ont changé beaucoup leur façon de noter les chevaux. Jusqu’à il y a peu de temps, on ne ne donnait pas de note pour les allures aux Etats-Unis. Maintenant, les allures font l’objet d’une appréciation des juges. Ils souhaitent maintenant sélectionner aussi un peu pour les allures. Mais ils ont toujours pour critère de sélection la pose statique devant les juges pendant plusieurs minutes. Pour arriver à cela, il faut enlever au cheval toute impulsivité, mais aussi toute sa personnalité. Le but serait donc de faire un compromis, de trouver un « happy medium » : on ne peut pas élever des chevaux qui n’auraient que des allures, ne serait-ce que parce que les allures, c’est aussi quelque chose d’assez subjectif à juger. J’ai moi-même une idée très précise sur les allures, car j’ai été cavalière pendant de longues années. Ceux qui n’ont pas été cavaliers n’ont pas une idée aussi précise de ce que doivent être les allures. Il y a par exemple des chevaux qui trompent l’œil avec les antérieurs, mais qui n’engagent pas assez avec les postérieurs..

Si tu as de l’expérience avec l’emploi sportif du cheval, que ce soit à l’attelage ou sous la selle, tu peux apprécier de suite les allures d’un cheval, même chez un poulain âgé de deux semaines seulement : même s’il ne lève pas encore la queue à la verticale, il engage déjà les postérieurs. La façon de marcher en dit long sur les allures. C’est en marchant qu’on voit l’impulsion, il n’y a même pas besoin de trotter un cheval.

En Europe, il est indispensable qu’un cheval ait de belles allures pour aller à un show. Qu’il soit beau et qu’il ait des allures. Mais surtout, qu’il ait des allures !! Il peut même avoir une encolure un peu plus courte, cela dérangerait moins que de ne pas avoir de personnalité, des allures et des aplombs corrects, car avec ses défauts-là il n’a aucune chance dans un show. Si le cheval manque de prestance, il ne va pas avoir de résultat en show, même s’il est très beau. Et le type aussi est très important.

 

 

Salina, en digne petite-fille d'El Perfecto, possède les allures qu’on demande aujourd’hui en compétition.Abha Salina, en digne petite-fille d'El Perfecto, possède les allures qu’on demande aujourd’hui en compétition.

 

 

Le « type », qu’est-ce exactement ? Ce n’est pas seulement une belle tête. Le « type », c’est le fait que le cheval ressemble vraiment à un cheval arabe. Il faut que le cheval dégage de son être une « présence » singulière. Car il peut arriver qu’un cheval ait une tête notée 20, et un type noté 18 seulement, parce qu’il entre en piste comme un mouton. Cela n’est pas ce que l’on recherche. L’une des caractéristique du cheval de pur-sang arabe, c’est justement qu’il ait des allures et des mouvements remarquables.

Aux Etats-Unis, jusqu’à ces dernières années, on ne donnait pas d’importance aux allures. Maintenant, les choses ont changé à cause du marché, vu que tout le monde s’oriente d’après le marché… !! Donc on donne de l’importance aux allures. Mais il demeure très difficile d’apporter la nouvelle caractéristique de bonnes allures à une lignée de chevaux qui en manque. Tu peux essayer de sélectionner en choisissant un type de tête, ou tout un ensemble de qualités, comme j’essaie de le faire moi-même. Il y a des personnes qui ne raisonnent pas ainsi : il leur suffit d’avoir une belle tête, le reste ne compte pas pour elles. Mais d’après moi, cela n’est pas une bonne façon d’élever. Je précise que c’est mon opinion personnelle et qu’elle n’engage que moi… !! Un cheval doit ressembler à un « arabe » et avoir le moins de défauts possible. Cela signifie que si le cheval n’a pas d’allures, eh bien… il a déjà là un défaut assez important. Justement parce que c’est une des caractéristiques principales du cheval de pur-sang arabe d’avoir des allures et du charisme… S’il a une belle tête mais n’a pas d’allures, il lui manque le cinquante pour cent !!

 

«Les chevaux, c’est quand ils sont le plus heureux qu’ils te donnent le meilleur d’eux-mêmes » Marieta Salas

 

Marieta Salas : …j’en suis convaincue !! Si tu laisses ton cheval enfermé entre quatre murs, il s’ennuie…. C’est pour cela que tu vois des chevaux qui sont en boxe chez des entraîneurs qui les présentent chaque mois à des compétitions, mais à chaque fois ils obtiennent de moins bonnes prestations. Les chevaux sont intelligents. Mais les chevaux arabes sont beaucoup plus intelligents que les chevaux des autres races. Comme j’ai aussi élevé des chevaux de Pure Race Espagnole, je peux dire que pour aller jusqu’au Moulin, par exemple, un cheval arabe apprend toutes les subtilités du parcours en un seul jour. Un cheval de Pure Race Espagnole a besoin de trois ou quatre jours.

 

Horses of the World : Quels sont les deux ou trois meilleurs « purs égyptiens » aujourd’hui sur le marché ?

Marieta Salas : Je n’en ai pas la moindre idée. Même Marwan Al Shaqab n’est pas un « pur égyptien ». Il est américain, ce qui signifie qu’il peut être un peu égyptien, un peu polonais… c’est l’ »american bred », avec beaucoup de mélange de sang. Le grand-père de Marwan Al Shaqab était pur égyptien, sa grand-mère « american bred », mais avec davantage de sang polonais.

Qu’est-ce que l’ »american bred » ? Ce sont des chevaux qu’on a exportés en Amérique il y a 150 ans. Certains de ces chevaux étaient de purs égyptiens, d’autres étaient polonais, et on a mélangé les sangs. En Amérique, presque toutes les élevages sont « american bred ». Il y a des élevages qui sont basés sur « El Shaklan », qui était un étalon cinquante pour cent arabe-espagnol, et cinquante pour cent pur égyptien. C’est ce croisement qu’on appelle « golden cross »… !!!

Horses of the World : Si je te prends dix juments (que je choisis moi-même), et je te donne le droit de choisir dix autres juments pour les remplacer dans un même pays….. où les choisirais-tu ?

Marieta Salas : Comme je t’ai dit, mes juments ne gagneraient pas des Championnats internationaux, mais ce sont des juments qui reproduisent des chevaux qui ont gagné des Championnats internationaux. Même s’il est vrai que je ne me promène plus en Espagne pour visiter les élevages, comme je le faisais chaque année par le passé avec mon père, je dois dire qu’il y avait à l’époque de très bons chevaux. Aujourd’hui, il y a encore des lignées qui valent la peine d’être utilisées dans un élevage. Mais ceci dit, je ne choisirais pas dans un seul pays. Je connais des lignées qui me plaisent beaucoup, mais il y a de tout. Il y a des chevaux qui ont bien reproduit, mais aussi qui ont laissé de mauvais sujets. En fait, il faudrait que j’aille aux Etats-Unis dans certains élevage, pas dans tous. Je pourrais aussi aller en Argentine, et aussi au Brésil, dans certains haras. Je pourrais aller partout, dans certains endroits choisis. Je pourrais aller dans le monde entier. Même dans les pays arabes, parce que les éleveurs qui ont investi il y a quinze ans, ils doivent tout de même bien avoir quelque chose de bon… !! Mais vraiment, je ne pourrais pas dire à quel pays en particulier j’irais. L’Italie ,qui, il y a quinze ans n’avait pratiquement pas un bon cheval arabe, a beaucoup importé depuis.

 

« Les Polonais ne nous apprennent rien. Mais ce sont eux les vrais Maîtres » Marieta Salas

 

Marieta Salas : Moi, j’aime les chevaux polonais. Mais j’ai très peur de les utiliser dans mon élevage. Pourquoi cela ? Parce que c’est une réalité que les Polonais, comme je l’ai dit plusieurs fois, élèvent dix , quinze, vingt bons chevaux chaque année. Mais ils ont 700 juments de sélection. Vu que ce n’est pas mon cas particulier, ni même le cas d’aucun autre éleveur, les imiter serait compliqué. Les gens qui ont acheté des chevaux polonais, en Amérique, par exemple, n’ont jamais eu les résultats obtenus par les Polonais. De loin pas !! En fait, les Polonais ont appris entre eux, et ils ne veulent pas donner de leçons. Ce sont eux, les vrais Maîtres !!

Je ne crois pas tant en un « art d’élever », parce que lorsque tu as cinq cent ou six cent juments, et tu peux te permettre de donner 80 juments à un seul étalon, si tu ne parviens pas à « sortir » trois ou quatre chevaux excellents chaque année, c’est que tu n’est vraiment pas doué !! Parce qu’il faut savoir qu’en Europe il n’y a pas un seul élevage de Pur-Sang Arabe qui puisse se permettre de donner 80 juments à un seul étalon. C’est donc un avantage énorme que celui des Polonais !! Ghazal Al Shaqab en est l’illustration concrète. Quoi qu’il en soit, élever avec un programme bien défini n’est pas facile. Tout comme il n’est pas facile non plus d’élever avec seulement vingt juments. Mais je n’en veux pas davantage. Cela me suffit. J’ai un domaine magnifique, mais je ne souhaite ni davantage de personnel, ni davantage de frais.

Horses of the World : si tu devais donner à un même étalon de renom un lot de 10 juments, toutes avec des titres importants, ou un autre lot de 80 juments qui ne seraient jamais sorties en compétition, ni même peut-être leurs propres mères, mais toutes avec une lignée de sang exceptionnelle ?...quelle option choisirais-tu ?

Marieta Salas : ni l’une ni l’autre. Je crois qu’avec 10 juments avec de bons pedigrees, on peut créer une lignée fantastique en dix ans. Et même peut-être en moins de temps que cela. Mais il faut prendre le temps d’étudier, ou alors faire confiance à quelqu’un. Ceci dit, avec des juments à 2000 euros, je ne crois pas que l’on puisse arriver à quoi que ce soit de bon. Les miracles n’existent pas.

Quand tu as des chevaux bien présentés, et que, comme dans mon cas, tu as la possibilité d’avoir une écurie bien organisée, et l’argent suffisant pour la mettre en valeur, les résultats arrivent un jour ou l’autre. Même s’il faut admettre que j’ai perdu beaucoup d’argent avec les chevaux. J’ai perdu de l’argent jusqu’à il y a quatre ou cinq ans.

 

 

Qatar, lors du Championnat du Monde à Paris, où il fut proclamé « Champion de la Triple Couronne 2009 ». On reconnait derrière Marieta Salas qui caresse le poulain dont elle est l’éleveur, Antonia Salom, précieuse collaboratrice de Ses Planes. A côté de Philipp Looyens, handler et entraîneur, le propriétaire d’Abha Qatar, le prince Abdullah bin Fahd Al Saud pose en compagnie de son team venu d’Arabie Saoudite.Abha Qatar, lors du Championnat du Monde à Paris, où il fut proclamé « Champion de la Triple Couronne 2009 ». On reconnait derrière Marieta Salas qui caresse le poulain dont elle est l’éleveur, Antonia Salom, précieuse collaboratrice de Ses Planes. A côté de Philipp Looyens, handler et entraîneur, le propriétaire d’Abha Qatar, le prince Abdullah bin Fahd Al Saud pose en compagnie de son team venu d’Arabie Saoudite.

 

« On vient m’acheter des chevaux parce qu’on sait bien que chez moi on peut acheter avec des chances réelles de succès dans les meilleurs shows » Marieta Salas

 

Horses of the World : Aux ventes aux enchères ou « à l’amiable », est-ce que les éleveurs vendent leurs meilleurs chevaux ?

Marieta Salas : J’ai vendu des chevaux magnifiques et je me suis créé une réputation. Bien sûr, il n’est pas facile de se défaire de ses meilleures chevaux.

 

Horses of the World : mais tu as toujours gardé des chevaux de la même famille que ceux que tu as vendus ?

Marieta Salas : Oui… je l’admets. Mais il n’est pas dit qu’ils aient été aussi beaux que ceux que j’ai vendus. Mais je garde toujours l’espoir qu’ils en reproduiront d’autres aussi beaux. Néanmoins, il faut tout de même vendre, parce que c’est justement ce qui te fait de la publicité. J’ai fait de grands sacrifices, mais je me suis fait une excellente publicité.

On vient m’acheter des chevaux parce qu’on sait bien que chez moi on peut acheter avec des chances réelles de succès dans les meilleurs shows. Si je gardais systématiquement les meilleurs, cela ne plairait pas à la clientèle. Ceci dit, il faut conserver un équilibre : si tu vends tous tes meilleurs produits, alors que se passe-t-il ? Je serais obligée de recommencer à zéro à chaque fois : si j’ai mis 40 ans pour en arriver là…. Maintenant je pourrais y arriver en moins de temps, parce qu’avant tous les résultats venaient par pur hasard. Par hasard !!

 

« Vouloir commencer un élevage avec des chevaux à trois mille euros, sans pedigree, c’est le contraire du succès : c’est l’échec à coup sûr !! » Marieta Salas


Horses of the World : quel conseil pourrais-tu donner à une personne qui souhaiterait commencer un élevage de chevaux de Pur-Sang Arabe et…. Avoir du succès le plus tôt possible !?...

Marieta Salas : Il faut que cette personne apprenne les pedigrees. Qu’elle sache les lignées à succès. Bien entendu, tout d’abord il faut avoir de bonnes connaissances du cheval en tant qu’animal. L’essentiel, mais aussi les particularités : qu’est-ce qu’un cheval de Pur-Sang Arabe ? Si je voulais élever des bulldogs, je devrais savoir d’abord ce qu’est un bulldog. Et les particularités de la race. Je ne dois pas le confondre avec un bâtard. Il faut savoir d’où ils viennent, quelles sont leurs caractéristiques essentielles, quels sont les caractères dominants de la race.

D’abord il faut apprendre. Mais il y a des gens qui n’apprendront jamais. Car c’est vrai que pour être éleveur, que ce soit de chiens, de chats, ou de chevaux, il faut être doté d'un "petit quelque chose" !! Avec l'ordinateur, on peut apprendre, mais on ne peut pas tout apprendre. Pourquoi apprendre les pedigrees à succès… ? Nous pouvons voir l’exemple de Marwan Al Shaqab. Aujourd’hui, c’est facile de trouver un bon fils de Marwan grâce à internet. Autrefois, on était obligé d’aller visionner les étalons dans les haras. Aujourd’hui, on peut passer cinq ou six jours chez soi sur internet, et passer en revue les fils de Marwan Al Shaqab. On peut même les sélectionner sur la base de leurs résultats. Ce n’est que l’affaire de cinq ou six jours. La démarche suivante est de s’intéresser aux mères : qui est la mère ? Qu’est-ce que les mères ont en commun ? Bref, c’est une étude réalisable en une semaine.

C’est bien vrai qu’un cheval qui n’est pas exceptionnel peut gagner un show…. Mais s’il commence par être Champion, puis… Réserve !! C’est un bon cheval. Parce que les juges ne sont pas idiots !! Certains donnent davantage d’importance à certaines choses, d’autres à d’autres choses. Mais si le cheval est toujours parmi les premiers, même s’il n’est pas champion à chaque fois, on suppose qu’il s’agit d’un bon cheval. En suite, il faudra faire une « research » pour trouver d’où vient ce cheval. Puis, et ce n’est pas la moindre des choses, il faut avoir l’œil. L’œil est quelque chose qui s’éduque. On peut avoir des prédispositions, mais l’œil est quelque chose qui se forme. Lorsque j’avais 20 ans, par exemple, je ne regardais jamais les aplombs. Et puis, finalement, tu te mets à les étudier tellement que si le défaut est minime, tu n’y prêtes pas attention. Chez nous humains, c’est la même chose : chacun de nous a une façon particulière de marcher, d’appuyer le pied d’une manière différente. C’est bien clair que si on appuie d’une façon extrêmement peu équilibrée ou symétrique, on le verra. Ce sera un défaut apparent. Mais si on n’est pas face à un défaut terrible, et si le cheval est harmonieux… il ne faut pas se concentrer sur chaque jambe. Ce peut être un cheval parfait d’aplombs, mais…s’il ne ressemble pas à un pur arabe, à quoi bon !! La première des choses, c’est qu’il soit bien dans le type de la race qu’il représente. C’est la première des choses. Et après, en tout essayer d’être le meilleur possible.

Et maintenant, si tu le veux bien, nous allons descendre vers les juments, et les voir un peu, parce qu’il va bientôt faire nuit… je me mets un pullover vu qu’il ne va pas tarder à faire frais à cette heure… on fait un peu le tour des juments avec la voiture… (il est déjà cinq heures moins vingt)…

 

Boukarabila, qui a reccueilli les propos de Marieta Salas, est tout heureux de poser devant la statue d’Abha HamirJamil Boukarabila, qui a reccueilli les propos de Marieta Salas, est tout heureux de poser devant la statue d’Abha Hamir, jument de base de l’une des plus prestigieuse lignées espagnoles du Pur-Sang Arabe.

 

 

Les journées d’hiver sont plus courtes à Majorque aussi, et la maîtresse des lieux ne veut pas laisser passer cette journée sans une fois de plus aller contrôler que ses juments ne manquent de rien, et profiter d’un moment de paix extraordinaire au coucher du soleil…


Telle est Marieta Salas, toute acquise à la cause du cheval, avec sa passion et son savoir. Et tant que cette grande Dame vivra a Ses Planes, ce petit coin de paradis existera pour les Pur-Sang Arabes.



F I N

Link externes

Immobilier Horses Of The World
Horse Racing in U.K.
Dubai World Cup
Shadwell
Harnesslink
Le Trot français
Varenne
Ses Planes
Sax Arabians Germany
A.N.I.C.A.
CSI Genève
Horse Habitat

Investor' s Club

Nos buts
Nos clients
Nos partenaires
Conseiller technique

Offre spéciale

Services gratuits
Art equestre
Investir dans un marche porteur
Autocollants

Contact

HORSES OF THE WORLD
c/o Doris B. Fallet
Joliette 2 - CH - 1006
Lausanne - Suisse

Tél: +41 79 332 06 80
Fax: +41 21 544 13 24

Information
Horsesoftheworld mobile